BENOÎT GANEM, NOUVEAU PRÉSIDENT DE VAL'HOR (VOIR LE LIEN HORTICOLE N° 903 DU 22 OCTOBRE 2014 ET LA NEWSLETTER DU 29 OCTOBRE 2014) « Élever les ambitions individuelles à une ambition collective plus forte encore »
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Quel regard portez-vous sur Val'hor ?
Une formidable aventure collective qui rassemble 9 familles professionnelles très différentes autour d'une passion commune : le végétal. Ce dénominateur est la sève de tous les projets menés en matière de recherche, d'études, de communication, etc. Chacun peut être tenté de réaliser des opérations pour son métier propre. Cependant, je pense qu'il est du devoir de l'interprofession d'élever les ambitions individuelles à une ambition collective, plus forte encore.
Le contexte économique a accentué les difficultés que rencontre chaque famille...
Effectivement, il y en a qui souffrent plus que d'autres. C'est le cas des producteurs, et Val'hor se doit d'apporter des réponses et des actions adaptées. Nous avons mis en place un conseil stratégique de l'innovation qui regroupe des personnes venant de différentes familles autour de scientifiques et de nos outils d'expérimentation. Chacun parle de la même chose et tout se passe bien. Les vrais sujets sont plus collectifs qu'individuels. Ils doivent servir notre ADN commun, le végétal, et nos valeurs : le bon sens paysan et notre culture du respect de l'engagement. Idéalement, une famille devrait réfléchir et apporter son expertise sur des sujets qui concernent une autre. Une bonne manière de mieux se connaître et de faire naître l'intelligence collective.
Mais chaque famille a parfois l'impression de financer des opérations qui profitent aux autres métiers !
Il y a énormément d'actions qui sont accompagnées par Val'hor, ce qui peut créer un sentiment de dispersion, alors qu'individuellement, elles sont réfléchies et répondent à un besoin. D'ailleurs, il peut y avoir une tentation de baisser les cotisations ce qui appauvrirait les moyens et nuirait à une action forte.
Comment sortir la filière de la crise qu'elle traverse ?
On ne peut pas vraiment parler de crise. Le marché ne s'effondre pas. J'ai l'occasion, dans le cadre de la gestion de l'enseigne que je dirige [N.D.L.R. Flora Nova], de côtoyer d'autres secteurs d'activité. Certains connaissent des baisses de marché bien plus significatives que les nôtres, comme le prêt-à-porter. Il y a, bien sûr, pression sur le marché, en raison de la baisse du pouvoir d'achat, des tensions géopolitiques, et surtout un problème de confiance : les gens épargnent au lieu de consommer. Mais ce qui se passe est plus profond.
On assiste plutôt à une troisième révolution industrielle, comme il s'en déroule une tous les 100 ans, avec, à chaque fois, 50 ans pour comprendre ce qui se passe et 50 autres pour profiter des applications des technologies qui ont amené cette révolution. L'informatique s'est imposée au début du siècle. Nous en sommes encore à comprendre quels effets elle aura et nous en sommes encore à la phase où nous en subissons les conséquences... Mais il ne faut pas attendre pour se prendre en main. Nous vendons un produit lié au plaisir et au bien-être, pas un produit de première nécessité. On n'arrête pas de parler de premier prix, de petit prix.
Nous créons nous-mêmes nos freins au développement en coupant sur le prix et les marges, alors que nombre de consommateurs seraient prêts à payer plus cher. Il suffit pour s'en convaincre de regarder du côté du café, où la marque qui a le vent en poupe ne vend pas du prix, mais du rêve.
Sauf que ce genre d'image se construit sur le long terme et que les entreprises ne peuvent pas attendre.
Le rôle de Val'hor n'est pas d'avoir un regard à court terme mais de préparer le coup d'après. De tenter d'imaginer ce que sera notre monde dans les années à venir et d'aider les professionnels à s'y préparer pour pérenniser leurs entreprises. C'est tout le travail de la prospective que nous venons de réaliser. Notre but est de contribuer à développer le marché du végétal par des actions de promotion, de recherche et d'innovation, de qualité (avec Plante Bleue ou le Label Rouge), de valorisation des métiers. Cela n'empêche pas Val'hor de mettre en place des actions immédiates pour inciter à l'achat, comme les opérations en radios réalisées depuis deux ans et qui se poursuivent en 2014-2015. La richesse de Val'hor est de réunir des personnes sur un sujet, le végétal, et de donner des clés pour améliorer la compétitivité.
Sur le terrain, cette vision à long terme n'est pas toujours bien comprise...
C'est pourquoi nous cherchons à répondre aux préoccupations des non-adhérents aux structures professionnelles existantes. Les adhérents des organisations professionnelles membres de Val'hor nous connaissent et ont généralement un contact privilégié avec nous. C'est à ceux qui n'adhèrent à aucun groupement professionnel qu'il faut s'intéresser. Il faut avoir une vision locale, mais aussi être plus ambitieux, plus visibles. Parler toujours plus de végétal, plus de paysage, plus de fleuristerie ; plus qu'hier et moins que demain.
Quel regard portez-vous sur la démarche Fleur de France ?
Je suis content de ce label. Il est soutenu par le ministre. Il va contribuer à développer la production française, comme la fleur coupée du Var ou les produits des pépinières. Globalement, les détaillants cherchent à valoriser les produits locaux quand ils le peuvent.
Et, contrairement à ce que l'on pense souvent, la fleur française n'est pas plus chère que celle des Pays-Bas. On n'achète pas là-bas un prix, mais une logistique, une capacité à livrer efficacement. Nous soutenons aussi la commande des professionnels du paysage et des collectivités avec la démarche Cité Verte. On peut favoriser la production française, même si on ne peut pas vivre dans un village gaulois et que l'on doit s'adapter au contexte international.
Val'hor a 10 ans. Quel est le bilan de cette décennie ?
La maturité collective des familles est bien supérieure à ce qu'elle était il y a 4 ou 5 ans. Il faut faire disparaître les suspicions que les difficultés économiques ont tendance à attiser. Ce qui a été fait en dix ans est exceptionnel, même si notre structure est composée de gens qui ne se connaissent pas assez. La période que nous traversons permet aux professionnels d'entendre certains messages et de prendre conscience que la production française est le socle de notre interprofession, ses racines. Des idées sont nées, il faut les pousser avec une aspiration commune qui emporte l'adhésion de toutes les familles. Ce sera mon objectif au cours des prochains mois.
Propos recueillis par Pascal Fayolle
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